Il est 18h00, les enfants ont fini de manger, vous êtes en train de ranger les jouets et la table. C’est au moment d’annoncer le bain que tout dégringole. Dans certaines familles, la non-collaboration de l’enfant débute dès le retour de la garderie ou de l’école. Les soupers peuvent être difficiles, bref, n’importe quelle routine peut prendre le double voire le triple du temps. Voici quatre pistes de solutions pour améliorer vos routines, que ce soit le matin, le soir, les journées de congé, etc.!

1 -Mon premier conseil serait d’alterner les étapes faciles avec celles qui sont plus difficiles. Par exemple, si au coucher nous avons les quatre étapes suivantes : bain, brossage de dent, pyjama , histoire avant le dodo. Dans l’exemple, l’étape du bain et de l’histoire est facile, mais le brossage de dent et l’habillement sont des moments où l’enfant est plus sujet à faire des crises. Je proposerais alors de commencer la routine avec le brossage de dent, ensuite le bain, ensuite l’habillement et terminer avec l’histoire. Qu’est-ce que cela permet? Cela permet à l’enfant de se concentrer sur les étapes difficiles sachant que quelque chose de plus plaisant s’en vient. Le parent aussi y trouve son compte puisqu’il n’accumule pas les étapes difficiles l’une après l’autre et la fin de la routine se fait dans le calme et de façon agréable! Ce conseil n’est pas toujours facile à mettre en application. Par exemple, il est un peu inévitable que la dernière étape avant de sortir dehors en hiver soit de s’habiller. C’est souvent une étape difficile pour les enfants. Vous pouvez toujours ajouter une étape ‘’superflue’’ pour la transition. Par exemple, chanter une chanson dans l’auto en direction de la garderie! Ce n’est pas une étape nécessaire, mais elle sert de levier d’intervention quand il est temps d’habiller la marmaille qui ne collabore pas toujours!

2- Le deuxième conseil est l’un de mes préférés! Donner des choix est sans doute l’intervention la moins utilisée dans le quotidien, mais ô combien efficace! Donner des choix à un enfant ne vient pas toujours de façon naturelle. Attention! Ici je ne parle pas d’un choix tel que : veux-tu prendre ton bain oui ou non? C’est plutôt : pour te laver, tu veux prendre un bain ou une douche? C’est en fait un choix sur le processus que l’on offre à l’enfant et non pas un choix qui va influencer le résultat. Parce que le résultat, lui, est non négociable dans les faits. Certains experts appellent cela un ‘’faux choix’’. Donc l’enfant n’a pas la possibilité de changer les étapes de la routine, il peut simplement avoir le choix de comment cela va se passer. En utilisant les choix, l’enfant à l’impression d’avoir le contrôle sur une situation à laquelle il est habitué de le perdre (on comprend ici qu’une crise, une non-collaboration est un exemple concret d’un enfant qui perd le contrôle sur une situation puisque cela ne se passe pas comme il l’aurait voulu). Voici quelques exemples concrets qui pourraient vous faciliter la vie dans différentes routines de la journée :

  • ‘’ pour t’habiller, tu veux commencer par tes bottes ou ton manteau? ‘’
  • ‘’Tu veux une cuillère ou une fourchette pour manger ton repas? ‘’
  • ‘’Veux-tu la pâte à dent bleue ou la rose pour brosser tes dents ce soir?’’
  • ‘’ Tu veux que ce soit papa ou maman qui t’embarque dans l’auto?’’

Vous voyez un peu le principe, l’enfant n’a pas le choix d’éviter une étape, il a seulement le choix de comment cela va se passer. Proposer à l’enfant de commencer par ses bottes ou son manteau pour s’habiller lui donnera l’impression qu’il peut choisir et cela lui donne un contrôle sur la situation. Un enfant qui répondait qu’il ne veut pas s’habiller, on pourrait facilement le ramener aux choix proposés : ‘’je ne t’ai pas demandé si tu voulais t’habiller, je te demande si tu veux commencer par tes bottes ou ton manteau. ‘’

Donner un choix permet à l’enfant de concrétiser l’intervention, de voir qu’il a un rôle à jouer et permet de maintenir la routine dans le positif.

3- Le troisième conseil est souvent le préféré des papas. Je ne suis pas sexiste ici, mais j’ai souvent constaté dans ma pratique que les papas utilisaient beaucoup le jeu dans leurs interventions. Bien des mamans en sont exaspérées (ou bien le contraire), mais moi, J’ADORE ÇA ! Prendre un toutou que l’on fait parler pour demander une consigne à l’enfant. Faire des courses de qui s’habille le plus rapidement, chanter des chansons pendant le brossage de dent, etc. Ce sont toutes des stratégies super efficaces pour mobiliser la collaboration de l’enfant!

Il m’est souvent arrivé de me questionner pour savoir si c’est pertinent de toujours jouer pour en arriver à avoir la collaboration de l’enfant. Rappelons-nous que les enfants, surtout les 1-5 ans, sont centrés sur le jeu, d’abord et avant tout. Un enfant profite au maximum du moment présent et préfère de loin le plaisir à l’obligation. Dans cette lignée, utiliser le jeu pour en arriver à ses fins prend tout son sens.

Un principe important à se rappeler avec les enfants est qu’il ne faut pas mettre l’emphase sur le processus, mais bien le résultat. On a réussi à lui brosser les dents? C’est ce qui compte! On a réussi à l’habiller? C’est ce qui compte! Je pourrais en énumérer tellement d’autres! Faire passer les étapes de la routine en les transformant en jeu, il ne peut pas y avoir plus positif que cela! Alors moi je vous dis : Allez-y sans modération, vos enfants ne resteront pas petits longtemps. 🙂

4- Le dernier conseil est le suivant : il faut mettre l’emphase sur ce qui est attendu de l’enfant et non le comportement à éviter. Nous avons souvent le réflexe de dire : Cours pas, arrêter de crier, coupe-moi pas la parole. Ces indications sont claires sur ce que l’enfant ne doit PAS faire, mais elles n’indiquent pas ce qui est entendu en échange. Vous me répondrez sans doute que la réponse est évidente, mais malheureusement non. Ces interventions sont souvent faites dans lorsque l’enfant est excité, de façon positive ou négative. L’enfant ne sait pas toujours, dans l’excitation, comment se réajuster face à votre demande. Il faut nommer d’emblée le comportement attendu, pour reprendre les trois exemples plus haut : Marche, parle doucement, attend que j’aie fini de parler. Cela évite, entre autres, de chicaner un enfant pour une consigne respecter et réaliser finalement que l’enfant ne comprenait simplement pas ce qui était attendu de lui. Vous savez, ça arrive souvent même si l’adulte ne s’en rend pas toujours compte.

Je pourrais en nommer plusieurs autres, dont la préparation des prochaines routines (meal prep, préparer les matins, organisation familiale, etc.). Je ne dis pas qu’en appliquant tous ces conseils vous allez moins répéter. Je ne dis pas que ces interventions vont fonctionner à tous les coups, mais une chose est certaine, lorsque nos interventions sont positives, les routines sont tellement plus agréables pour tout le monde! Intervenir au quotidien n’a pas à rimer à tout coup avec punition, chicane et cris! Si l’enfant, et le parent voient les transitions et les routines comme quelque chose de positif, il aura un plaisir à collaborer avec son parent. Ce n’est pas magique, les changements ne se font pas du jour au lendemain, mais ne lâchez pas!

[author] [author_image timthumb=’on’]https://bullesetpirouettes.com/wp-content/uploads/2018/03/P2Logo.jpg[/author_image] [author_info]Stéphanie Houle est travailleuse sociale et intervient dans la vie des familles depuis plus de 10 ans. Elle est l’aîné d’une fratrie de 3 enfants dont le plus jeune est autiste. Maintenant mère de deux beaux enfants, une jeune fille énergique et déterminée et un petit garçon joyeux et calme. Elle est passionnée par tout ce qui entoure la maternité et décide de partir son propre centre d’accompagnement périnatal pour aider les nouvelles mamans. Bien placée pour aider ces femmes à retrouver un équilibre dans leur vie, elle est consciente que l’arrivée d’un enfant est un énorme bouleversement en soi. Amoureuse de la vie, de ses enfants, de son mari, de son travail, de ses ami(e)s, elle carbure aux projets qu’elle cumule sans cesse. Les défis la stimulent, rien ne l’arrête, elle profite de chaque instant pour tenter de réaliser l’impossible. La solitude est son pire ennemie et aspire à ce que chaque personne qui passe sa porte, se sente comme chez eux. Elle adore développer des complicités et faire preuve de familiarité! [/author_info] [/author]